LES DIX ANS DE LA RESTAURATION DU NÉSUTAT D’ALMANDYA-ZARIA WA SHABAZZ (PARTIE 1 : DE L’AN 301.405 à L’ANNÉE 301.616)

En 301.627 nous célébrons, en différé, le dixième anniversaire de la restauration du Nésutat d’Almandya-Zaria Wa Shabazz. Dans une interview accordée, le 08 Anu:Ab-Sin 301.619 (25 Août 2014), au blog de SAR Husia Tahéruka Shabazz, 1ère Comtesse d’Alsabara, alors épouse de Sa Majesté Magistrale Tahéruka 1er, le Chef de la Maison Nésutale Zaria-Shabazz revenait sur l’historique de cette restauration en nous replongeant aux origines des chefferies Mandya installées dans le district d’Al-Sabara autour des années 301.405 (1800).

Si incontestablement leur installation fut très pacifique suivie aussitôt de plus d’un demi-siècle d’une remarquable prospérité et d’une démographie importante, l’Histoire semble s’emballer à partir les années 301.485 (1880) avec en toile de fond la montée en puissance des armées de Rābah Az-Zubayr Ibn Fadlallāh dans la région du bassin du Chari et ce depuis le sud-ouest de l’actuel Soudan jusqu’à l’est de l’actuel Nigeria. Armées qui, pour vivre, pratiquaient la rapine et s’adonnaient outrageusement aux razzias alimentant de ce fait les marchés d’esclaves de Méditerranée orientale (Empire Ottoman), de la Corne de l’Afrique et de la péninsule arabique.

Aujourd’hui en l’an 301.627, les Mandya célèbrent et commémorent deux dates majeurs de leur Histoire en rapport avec cette période troublée : les 222 ans de leur installation sur le territoire actuel dans le District d’Al-Sabara, et les 137 ans de la Bataille de Kaga-Kazangba qui a vu le triomphe des armées coalisées des chefferies mandya sur les troupes du seigneur de guerre et chef de razzia, Rābah Az-Zubayr Ibn Fadlallāh.

Eric de Dampierre dans son ouvrage « Des ennemis, des Arabes, des histoires », à la page 38, revient sur cette résistance héroïque : « Toujours est-il que selon le Mandja Mba, chef du clan Boufourou, c’est au cours de cet hiver que Rābih envahit le pays mandja, avec le quatrième ban (Hasān al-Wakīl) et le sixième ban (Gatem). Les Mandja s’étaient réfugiés dans les chaos rocheux du Kaga-Kazangba (6°30′ N/18°35′ E [?], alt. 645m) et conduisirent fort bien leur défense. Excellents archers, experts au tir courbe, leurs arcs de guerre pouvaient tirer jusqu’à 100m, ils contraignirent Rābih -grièvement blessé d’une flèche à la poitrine, ainsi que Hasān de deux flèches au bras et à la cuisse- à la retraite (Gaud 96, 468, 472). Ce fut sa deuxième défaite sévère en pays oubanguien. C’est dans cette même forteresse naturelle que les Mandja défièrent en 1903 l’administrateur Toqué (138-144, 201)« 

Malgré, cette victoire éclatante contre la puissance montante de la région, cet événement marquera, néanmoins, le début de la fin de la période de paix et de prospérité de la société mandya qui, après la menace des razzias originaire de l’est, dut faire face aux coups de butoir des armées coloniales françaises venues de la côte Atlantique, précisément des côtes du Royaume Loango, alors sous protectorat de la troisième République française.

Le grand fléau que les colons français apportèrent avec eux fut celui du portage qui sonnera plein essor. Le portage a provoqué de grands malheurs en terre mandya : rapine, enlèvement, emprisonnement, séquestration, famine, abandon et destruction de villages, effacement de l’identité culturelle, épuration ethnique, dépeuplement, exode et mort. Or, il se trouve que le pays mandya est localisé dans l’espace reliant la cuvette du Congo au bassin du Chari. Étant donné que la France coloniale rêvait alors d’obtenir et d’établir une autorité sans partage sur un territoire d’un seul tenant allant d’Alger à Brazzaville, elle a imposé au pays mandya de devenir, par la violence, une zone de portage de leurs charges (bateaux en pièces détachées, armes, munitions, logistique, alimentation,…) ainsi que des colons eux-mêmes pour relier les deux bassins fluviaux de l’Oubangui au sud et du Chari au nord.

La première fois que des colons pénétrèrent en pays Mandya ce fut par l’entrefait d’une mission commandée par Casimir Maistre (301.472-301.562/1867-1957) qui installa ses relais militaires aux villages de Krebedye (301.500/1895) que les colons nommèrent Fort-Sibut, et de Kaga-Bandoro (301.502/1897) à qui ils donnèrent le nom de Fort-Crampel. À partir de là, la vie des Mandya qui était si paisible, si agréable se transforma en un véritable cauchemar à ciel ouvert. En témoigne même le rapport de l’agent colonial raciste, criminel et fils de diable Fernand Gaud qui, le 26 Dub 301.508 (14 juillet 1903), lors de la fête nationale française, fit exploser à la dynamite un jeune Mandya qu’il accuse d’avoir fourni des informations stratégiques aux résistants mandya lors d’un guet-apens contre ces mêmes colons français :
« Pendant que Chevalier effectuait des reconnaissances, je gagnais Gribingui par la route, en traversant ces régions jadis florissantes et populeuses de Fort Sibut à Fort Crampel. Actuellement, c’est un pays dévasté. Les Mandjas l’habitaient, ils ont été détruits ou dispersés » (Fernand Gaud et Cyrille van Overbergh, « Les Mandjas« , p.488, 1911).

Livré à l’exploitation des sociétés concessionnaires qui mirent la région de Haut-Chari en coupe réglée et écrasèrent les populations par un système fiscal infernal « le pays Mandja, reconnaît le Bulletin de la Bibliothèque de France, [a] été ravagé par le portage et la lutte contre les Français, situation que constate [Pierre Savorgnan de] Brazza au cours de la dernière mission de 1904« . Pierre Kalck, historien français et ami intime de Barthélémy Boganda le Père-fondateur de la République centrafricaine, dans son « Histoire de la République Centrafricaine » (1974) précise pour sa part que Brazza, plus que le « ravage », a constaté carrément « la ruine du pays mandjia par le portage, situation bien connue du ministre [des colonies], informé par Gentil et par le mémoire Toqué » (p.193). Le principal intéressé, Pierre Savorgnan de Brazza, alerté par les rapports apocalyptiques au sujet du pays Mandya repris par la presse métropolitaine, ira jusqu’à se rendra lui-même sur place pour une enquête administrative accompagnée d’une délégation officielle composée de Charles Hoarau-Desruisseaux, inspecteur général des colonies, de Félicien Challaye, jeune agrégé de philosophie qui représente le ministre de l’instruction publique, d’un membre du Cabinet des colonies et d’un délégué du ministre des affaires étrangères. Pierre Savorgnan de Brazza aura alors ce commentaire consigné dans son rapport : « Toute ma vie, je garderai la tristesse d’avoir vu de mes yeux, un enfer réel« . Les camps de concentration de femmes et d’enfants Mandya pris en otage pour contraindre les hommes Mandya à accepter les travaux forcés du portage l’ont moralement écoeuré. André Gide, l’écrivain français et Prix Nobel de Littérature, qui se rendra en pays Mandya près de 20 ans après Pierre de Savorgnan de Brazza parlera pour sa part de la « plus noire misère » concernant la situation des Mandya fauchés par le portage.

Dans « Réalités oubanguiennes » (1959), l’historien français Pierre Kalck après avoir consulté tous les rapports des années 301.505 (1900), confirme avec force que « parmi tous les peuples d’Oubangui, ce furent les Mandjia qui supportèrent le fardeau le plus lourd du portage » (p. 112). Le pays était même militairement quadrillé pour empêcher les exodes, les fuites et les migrations des Mandya décidés à s’échapper de ce capharnaüm et des camps de concentration. C’est ce qui ressort d’un rapport de l’administration coloniale de l’année 301.507 (1902) :
« Refoulés partout au Nord, à l’Ouest, à l’Est et au Sud par nos petits postes « manu militari » pour s’opposer à leur exode en masse au-delà de la Fafa et de l’Ouham, le Mandja reste caché, comme un solitaire traqué, dans un coin de brousse, ou se réfugie dans les cavernes de quelques Kafa inaccessibles, devenant troglodyte« . Le même rapport de l’année 301.507 (1902) poursuit en précisant que les Mandya face à ce chaos « préfèrent tout, actuellement, même la mort au portage… Depuis plus d’un an la dispersion des tribus a commencé. Les villages se désagrègent, les familles s’égaillent, chacun abandonne sa tribu, son village, sa famille et ses plantations, va vivre dans la brousse comme un fauve traqué« 

« Le mouvement sociologique international (volume 11, partie 1) » édité par l’Office international de bibliographie (1911) parle de la destruction de l’entité politique mandya par ce tsunami historique provoqué par l’irruption en terre équatoriale de l’idéologie colonialiste : « L’horreur du portage fut plus forte que l’autorité, la tradition et tout. Le portage fit, en somme, sauter le groupement politique Mandja et ce ne fut pas un de ses moindres méfaits. La portée de cette conséquence est considérable« . Cette tentative manifeste d’effacement physique, culturel et identitaire du peuple Mandya devait conduire inéluctablement à une farouche opposition contre la pénétration coloniale et à une résistance héroïque pour sauver ce qui pouvait encore l’être. Yarisse Zoctizouni, dans son « Histoire de la Centrafrique : 1879-1959 » (1983), relève le climat insurrectionnel caractéristique du peuple Mandya entré en révolte généralisée dès l’année 301.507 (1902) pour livrer contre les Français une féroce guérilla qui durera quatre ans et qui inspira d’autres révoltes anti-coloniales sur tout le continent comme plus tard chez les Zoulous en Azanie ou encore chez les populations Gbaya de l’ouest de l’Oubangui menées par le très charismatique chef Kparinou dans la guerre du Congo-Wara des années 301.525-301.535 (1920-1930) :
« Déjà en 1905 des soulèvements de populations préférant la mort au recrutement [pour le portage] étaient signalés, en particulier dans la région des Mandja touchée par le portage vers le Tchad » (p. 101).

Pour une population globale évaluée environ à 60.000 têtes, l’on parle pour la seule année 301.508 (1903) de plus 10.000 Mandya martyrs décimés par la répression brutale, la famine et les maladies, soit un sixième de la démographie Mandya déjà écornée une à deux décennies plus tôt. C’est que la détermination jusqu-au-boutiste de ces braves Mandya s’est révélée être sans faille, une fois la guerre déclarée face à leurs bourreaux qui ont tout tenté pour les amadouer et/ou les soudoyer : « (…) cadeaux, salaires, tout a échoué aujourd’hui devant l’affolement de cette race mandja, reconnaît Le journal de critique politique & de perfectionnement » (Le Progrès civique, volume 9, p. 14, 1927). Cette terrible guerre de 301.507-301.509 (1902-1905) constitue jusqu’à ce jour un épisode tragique et traumatisant d’une importance capitale dans la mémoire collective mandya. D’ailleurs, nous commémorons cette année les 120 ans du déclenchement de cette révolte.

C’est donc dans ce contexte sociopolitique catastrophique et chaotique que l’arrière-grand-père de Sa Majesté Magistrale Tahéruka 1er, Vertumale Gazawaza fils de Ngara (qui a vécu la bataille de Kaga-Kazangba), donna naissance, il y a plus de 100 ans de cela, à Son grand-père Moïse « Wargwa » Wananga qui, malgré la césure et la rupture culturelle provoquée par l’intrusion du fait colonial, a su préserver, fructifier et transmettre à sa descendance l’héritage traditionnel familial, clanique et tribal Mandya sauvé de l’hubris des colons français. Cette transmission « muette », car non visible publiquement notamment entre les années 301.525 (1920) et 301.565 (1960), a traversé six générations en ligne directe pour parvenir à l’aîné du clan, Fari Tahéruka Shabazz. Face à cette lourde responsabilité du maintien en et de la constante dynamisation de l’héritage ancestral qu’est la tradition politique donc royale du pays mandya, qu’il faudra transmettre aux nouvelles générations, l’héritier légitime de la lignée des Mandya du clan Gbokode, Fari Tahéruka Shabazz, a pris la décision mûrement réfléchie de restaurer, de faire sortir à la lumière du jour, le « groupement politique mandya », en somme la royauté Mandya, dans toute sa plénitude, à partir de l’année 301,616 (2011).

Cela s’est manifesté par la désignation d’une nouvelle dynastie, la Maison Nésutale Zaria-Shabazz. Le nom de cette nouvelle dynastie renvoie à deux réalités historiques. L’une lointaine, la tribu des Banu Shabazz dont nous sommes issus et qui fut menée par le Maître Bès, après avoir quitté, il y a 50.000 ans de cela, la riche zone afrabique (Vallée du Nil, Péninsule arabique) pour s’installer au cœur du continent d’Alkébulan et Abzu. L’autre partie du nom dynastique renvoie à SAR la Princesse Zaria, grand-mère maternelle de Sa Majesté Magistrale Tahéruka 1er, qui symbolise l’Impeccable Fatima Zahra, fille du prophète Muhammad Ibn Abdallāh, et éminente membre des Ahl ul-Bayt. C’est sous son signe que le monde musulman connu une de ses plus brillantes dynastie, celle des Fatimides, fondée par les Imams Ismaéliens (Chiites septimaniens) installés en Egypte.

À SUIVRE…

Fait à Tubangi le 16 Pa-Bil 301,627

Secrétariat Particulier de Sa Majesté Magistrale et Excellence Royale Tahéruka Ier, Nésut d’Al-Mandya : Wa : Shabazz et Sekhem-Bawantua d’Alkébu-lan et Ab.Zu.

Laisser un commentaire